Mandalaines bleu
texte créé pour l'exposition des mandalaines à la chapelle des Carmélites à Toulouse, édité en format A6.
vernissage le 4 avril 2019
Tapis de laines comme des mandalas,
Marith Bonnenfant
Je réalise des bérets comme des mandalas depuis 2002.
L'aventure a commencé à Argut-Dessus, à la Noël 2002.
Mon frère navigateur qui naviguait avec son bateau sur les eaux chaudes, avait froid à la tête. Dans la maison où nous étions, "La Source", il y avait un stock de laines laissées par l'ancienne propriétaire. J'y ai prélevé de quoi faire une calotte de laine pour protéger son crane chauve.
Ensuite, Céline se demandait comment faire un béret pour sa sœur.
J'ai essayé, et voici le premier béret réalisé, parti à Londres puis en Australie sur la tête de Julie. Et j'ai continué, fascinée par le jeu des couleurs se transformant au fur et à mesure que croît ou décroît l'ouvrage.
C'est lors d'un stage sur la biographie en 2004 où j'animais une séance de pratique artistique que le nom "mandalaine" m'est venu : nous dessinions des mandalas en relation avec l'astre maître de la septaine étudiée ce jour-là .
Le mot « mandala » nous vient de la tradition tibétaine.
C’est un support de méditation, en général une figure géométrique centrée.
On le retrouve dans de nombreuses cultures, depuis les roues solaires protohistoriques,
en passant par les fleurs de vie, les rosaces des églises chrétiennes,
les cercles de guérison des amérindiens.
Dans un coin de la salle, j'avais posé la pile des bérets avec une petite affiche : "portez un mandala sur la tête" et le premier a avoir osé le faire, c'est Georges. Qu'il soit remercié.
Le « mandalaine » était né.
Méditation sur le 7, le chiffre des jours de la semaine, des septaines de nos biographies, le chiffre de Jupiter, de l'ange, de l'équilibre…
Méditation sur la croissance et la décroissance…
Prière du cœur, ou récitation du mantra au fil des points…
Au gré des saisons, la pile a augmenté, diminué,
et je me suis rendu compte que j’étais en train de construire une véritable collection.
Aussi ai-je décidé d’en créer le catalogue.
Chacun est photographié, numéroté…
J’ai maintenant commencé la septième centaine…
Pour chacun d’entre eux, je crée une « palette » tout comme un peintre choisit l’harmonie des couleurs qu’il veut mettre sur son tableau.
J’utilise toutes sortes de fils, pour leur texture et leur couleur,
mais ce que je préfère, c’est la laine d’origine animale.
Elle a une bonne tenue, nerveuse et souple à la fois.
Elle tient chaud l’hiver, frais l’été,
la pluie déperle comme sur la toison des moutons…
Et le moment où quelqu’un s’approprie un de mes mandalaines
est un moment précieux pour moi.
Aussi je les commercialise à l’occasion d’installations éphémères, de marché artisanaux
ou de réunions d ‘amis…
En 2017, j’ai fait deux rencontres importantes pour l’histoire de mes mandalaines.
La première : Olivia Bertrand qui, avec son association
« Laines Paysannes » https://laines-paysannes.fr ,
produit et valorise un fil de laine des moutons d’Ariège.
J’avais fait sa connaissancer 5 ans auparavant
grâce à l’association « Atout laine » https://www.facebook.com/Association-atoutlaine-127060944312056/ ,
de Montbrun Bocage.
Olivia m’a proposé de lui créer des petits tapis d’un diamètre de 60 cm environ avec ses belles laines blanches, burel et greige. Et j’ai eu le plaisir d’ en créer 9.
Dans le béret, le motif croît jusqu’à atteindre la bonne taille du béret puis décroît de manière organique lorsque l’on en aborde le revers.
Pour les tapis, on reste dans le plan.
Comment se développent et croissent les plantes, - la série de Fibomacci me guide - .
Comment se termine la croissance ?
Comment ce motif floral produit-il des graines ?
Comment seront-elles entourées par une enveloppe, la bogue, qui les protège sans les enfermer?
Ainsi j’utilise la triade fleur, graine, bogue pour désigner l’étape où j’en suis.
La seconde rencontre est celle de Chantal Toulemonde, elle me parlait de son projet sur le fil bleu, et moi je me voyais en train de réaliser un très grand mandalaine bleu…
C’est ainsi que je me suis mise en mouvement :
Avec mes laines de récupération, réaliser un « brouillon » de 110 cm de diamètre…
« Même si c’est brouillon, dit ma petite fille qui allait avoir 7 ans, je veux bien que tu me le donnes pour mon anniversaire… » Dont acte.
Me procurer la laine auprès de « Laines Paysanne »,
ce qui n’était pas simple en fin de saison.
Chercher et trouver un atelier de teinture au pastel pour réaliser le camaïeu de bleus,
du bleu naissant au bleu le plus soutenu possible avec ces laines et le pastel.
C’est Denise Lambert, avec « L’atelier de bleus pastel d’Occitanie https://www.facebook.com/denisesimeonlambert/ qui l' a réalisé.
Passeboucler…
Je devrais dire : crocheter puisque c’est avec un crochet que je réalise mes œuvres.
Mais il a bien d’autres significations qui ne me conviennent pas…
Aussi maintenant, je passe des boucles les unes à travers les autres : je passeboucle.
Au final, pour cette série de mandalaines bleus, j’en ai réalisé trois.
605, le plus grand, ci-dessus, poids de laine utilisée 1606 gr, 91 rangs, diamètre 141 cm
607, poids de laine utilisée 1210 gr, 78 rangs, diamètre 120 cm
608, poids de laine utilisée 379 gr, 47 rangs, diamètre 68 cm, réalisé avec les restes !
L’aventure n’est pas finie pour autant,
car le mandalaine de l’imagination de départ mesurait 180 cm !
Verra-t-il le jour ?
À suivre …
Texte réalisé à Mont de Galié, le 29 mars 2019
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